Les gendarmes en campagne pour une police unique
OPÉRATION D’ARTAGNAN | 00h05 Les agents de la police cantonale prennent leur bâton de pèlerin pour convaincre la population du bien-fondé de leur initiative. Ils ont démarré à Lully-sur-Morges, 735 âmes.
GEORGES MEYRAT | PRÉSENTATION: Billy Warpelin, vice-président de l’Association professionnelle des gendarmes vaudois, a convaincu l’assistance à Lully. «Nous sommes à bout touchant dans la récolte des signatures pour l’initiative pour une police unique.»LULLY-SUR-MORGES, LE 27 AVRIL 2007
Agrandir la taille du texte Réduire la taille du texte Imprimer l'article Envoyer par email Réagir sur l'article Recommander LAURENCE ARTHUR | 29 Avril 2007 | 00h05
«L’opération d’Artagnan», visant à soutenir l’initiative «pour une police unifiée et plus efficace» lancée par l’Association professionnelle des gendarmes vaudois (APGV), envoie sur le terrain ses mousquetaires en civil.
Ils étaient trois, jeudi soir à Lully, à défendre leur point de vue face à une petite assistance. «Nous sommes à bout touchant, nous devrions parvenir à récolter 12?000?signatures validées pour le 22 juin», se réjouit Billy Warpelin, vice-président de l’APGV.
La Côte, zone test
Le comité d’initiative a proposé une rencontre aux Municipalités et invitait les habitants à s’y joindre, avec l’accord des autorités locales. Lully est la première commune vaudoise où la population a pu être abordée, dans une région déclarée zone test.
D’autres réunions publiques se dérouleront ensuite à Bassins, le 3 mai, et à Buchillon, le 10 mai. D’ici là, l’APGV aura encore rencontré la Municipalité d’Etoy.
A Lully, la présentation s’est déroulée en territoire conquis. Dans l’assemblée se trouvait ainsi le chef de poste de la gendarmerie de Morges, Pierre Willen, discret habitant de la commune, venu soutenir ses collègues en compagnie de son épouse.
Un autre habitant, Claude Prior, témoigne: «Mon opinion en faveur de la police unique est confortée. Je ne savais pas que les compétences des polices municipales étaient aussi limitées!»
Dans ce village de 735?âmes, le souci de sécurité n’est pas perceptible: «Chez nous, on dit que Dieu voit tout, mais les voisins voient plus», sourit une habitante, Sylviane Dupuis.
Face au travail de fourmi entamé sur le terrain par le comité d’initiative, Elisabeth Ruey-Ray, municipale responsable de la police nyonnaise, réagit. Dans un premier temps, lors d’un débat prévu sur la chaîne locale TVRL, elle avait renoncé à s’exprimer sur le plateau face aux gendarmes. Ces derniers ont dénoncé ce retrait, imputable selon eux aux pressions du milieu politique.
David contre Goliath
La municipale se défend: «On ne m’avait pas annoncé qu’il s’agissait d’un débat. Au titre de représentante politique, je peux débattre avec un autre politique, mais pas avec un gendarme. J’ai été choquée du lancement de cette initiative. Elle passe par-dessus le Grand Conseil qui vient d’accepter la motion Aubert pour une police coordonnée. C’est au Conseil d’Etat de prendre une décision, pas aux gendarmes». Elisabeth Ruey-Ray ajoute que «cet argument des compétences limitées des polices municipales arrange bien la police cantonale. Il suffirait pourtant qu’elle autorise les polices municipales à les exercer pour régler la question. Le lien direct de la police avec les autorités est essentiel pour répondre aux besoins de la population. Un exemple: le concierge de l’école m’a contactée pour me signaler la nécessité d’un passage piéton. Le commissaire de la police municipale est venu sur place à ma demande. En une semaine, le passage piéton était installé. Ce type d’intervention ne sera plus possible avec une police unique.» Elle conclut: «Dans ce débat, c’est le combat de David contre Goliath. Ils ont tant de moyens. Les gens ne mesurent pas ce que l’on va perdre.»